BOB MARLEY: ONE LOVE
- Marvin Ancian
- 23 févr. 2024
- 3 min de lecture

Réalisateur. Reinaldo Marcus Green
Année de sortie. 2024
Genre. Biopic, Drame
Origine. États-Unis
Durée. 107 minutes
Ma note. 9/20
Synopsis : Bob Marley: One Love célèbre la vie et la musique d'une icône qui a inspiré des générations à travers son message d'amour et d'unité.
Pour la première fois sur grand écran, découvrez l'histoire puissante de Bob Marley, sa résilience face à l’adversité, le chemin qui l’a amené à sa musique révolutionnaire. (source : AlloCiné)
Après Aretha Franklin, Elvis Presley ou encore Whitney Houston, et en attendant Amy Winehouse et Michael Jackson, c’est au tour de Bob Marley de voir sa vie illustrée à l’écran. Si la période évoquée est judicieuse, son traitement laisse à désirer.
«Si le ça commence par la jeunesse de l’artiste, on est mal barré…» Cette pensée, qui a traversé l’esprit de l’auteur de ces lignes, lorsque les lumières de la salle se sont éteintes, a d’emblée créé l’inquiétude. Après quelques phrases de mise en contexte (étrangement présentées à l’écran sous forme de sous-titres au lieu de cartons de texte), le film s’ouvre sur le jeune Robert Nesta Marley accompagné de sa famille dans sa Jamaïque natale. Mais rapidement, plutôt que de retracer toute la vie de la star du reggae, le récit s’axe sur deux ans de son existence (de 1976 à 1978). Les incartades dans l’enfance ne seront que des flash-back qui viendront ponctuer la narration afin d’y apporter des éléments clés, évitant ainsi l’œuvre exhaustive et indigeste. Ouf!
Dans sa première partie, le film relate le parcours de Bob Marley en Jamaïque alors que le pays est au bord de la guerre civile. À quelques jours du concert Smile Jamaica, la star et son groupe échappent à une fusillade tandis qu’ils répétaient au domicile du chanteur. À la suite de cet événement, et après s’être tout de même présentés sur scène, les musiciens se rendent à Londres et entament l’enregistrement de l’album devenu culte: Exodus. En 1978, diagnostiqué d’un cancer, Bob Marley retourne en Jamaïque pour y terminer sa carrière. Il meurt à l’âge de 36 ans.

Qui a dit que jouer No Woman, No Cry au coin du feu était cliché ? © Paramount Pictures
Un air de famille
Malgré les différences physiques flagrantes entre le chanteur et son interprète, le roi du reggae est incarné par Kingsley Ben-Adir (qui a déjà prêté ses traits à Malcom X dans One Night In Miami et Barack Obama dans la série The Comedy Rule, rien que ça). Il offre une performance inégale, mais suffisamment convaincante pour ne pas nous sortir du film. Les passages musicaux, quant à eux, sont nombreux et sauront ravir les fans, tout comme les néophytes, grâce à plusieurs extraits de concerts ou d’enregistrements en studio. Néanmoins, la question que l’on est en droit de se poser est l’intérêt de cette œuvre panégyrique d’un artiste déjà majoritairement adulé. En correspondant exactement à la représentation que l’on se fait du chanteur, Bob Marley: One Love perpétue une image d’Épinal, certes agréable, mais sans aspérités. A contrario de biopics au réel parti pris (on pense à 8 Miles, Last Days ou plus récemment Spencer), le récit dresse un portrait lisse suggérant à peine les zones d’ombre qui composaient l’homme (notamment sa jalousie et ses aventures extraconjugales).
Face à cette hagiographie, rien d’étonnant de découvrir, lors du générique, que le long métrage est majoritairement produit par la famille de Bob Marley (et Brad Pitt). Ainsi, le film souffre du syndrome que l’on pourrait nommer Bohemian Rhapsody (en référence au biopic sur Queen réalisé par Bryan Singer) et qui consisterait à ce que les personnes concernées par l’histoire racontée aient la mainmise sur celle-ci, la rendant insipide. Après s’être écharpé pour partager l’héritage, il semblerait donc que l’entourage de Bob Marley ait trouvé un moyen de s’entendre…

© Paramount Pictures
Article paru le 23 février 2024 dans le n°917 de Ciné-Feuilles.
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