PAR MONTS ET PAR VAUX (France, Espagne)
- Marvin Ancian
- 28 sept. 2017
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 déc. 2023
19.07.2017 au 02.08.2017
Mercredi 19 juillet 2017, 9h, les motos sont chargées, prêtes au départ. Le temps de faire une dernière photo, et nous partons… à moins que...
Le but de cette aventure, au delà de prendre des vacances et de voir nos familles respectives, était d’affiner notre expérience de voyage à moto sur plusieurs jours. En effet, dans l’optique de l’aventure Bonnie & Klyde, nous avons jugé que ces deux semaines étaient l’occasion d’effectuer un premier galop d’essai. C’est ainsi que nous avons planifié ce périple, au départ de Lausanne, en direction du sud-ouest, plus précisément du pays basque, aussi bien espagnol (fief d’Amaia) que français (notamment pour y retrouver des amis et y faire les férias de Bayonne). Mais revenons à nos motos !
Prêts pour le départ donc, à un détail près, Klyde qui ne démarre pas. Après plusieurs essais, il semblerait que la batterie fasse des siennes. Nous qui voulions que ce voyage nous mette en situation, nous sommes servis. Heureusement, après une charge rapide, la moto se décide à démarrer. Nous décidons alors de prendre avec nous le chargeur de la batterie ainsi que les outils permettant d’accéder à cette dernière, ça pourra être utile à l’avenir. Cette fois, nous sommes partis, pour de bon.

L’itinéraire de ce voyage a notamment été motivé par le grand nombre de parcs naturels présents aussi bien en France qu’en Espagne. Notre première journée comprendra donc la traversée de la Chartreuse et du Vercors. Après un premier tronçon sur autoroute jusqu’à Chambéry (type de route que nous tentons d’éviter à tout prix en temps normal mais qui sont parfois inévitables afin d’enquiller des kilomètres), nous sillonnons donc les routes de ces premiers parcs qui donnent tout de suite le ton. A flanc de falaises, à encorbellement, aux sommets de cols ou au fin fond de vallées, celles-ci sont magnifiques. C’est donc au sud du Vercors, au sommet d’une falaise, après une ascension off-road jouissive, que nous plantons la tente pour la première fois. Malgré un manque de maîtrise flagrant de notre réchaud (ce sera donc repas froid) et quelques gouttes de pluie durant la nuit, le plaisir de se réveiller en pleine nature est bel et bien présent. Lors de la journée suivante, nous partons en direction de la Provence. La journée est ponctuée de moments forts tels l’ascension du mont Ventoux, les splendides champs de lavande ou encore les lacets sans fin de certaines routes. Notre thématique est plus que respectée avec le passage dans le parc des Baronnies provençales et celui du Lubéron.
A gauche : Premier campement sauvage.
A droite : Sommet du mont Ventoux.
Après une journée en famille reposante dans le Var chez le père de Marvin (qui nous a notamment permis d’apprendre à mieux maitriser notre réchaud et de se rassurer quant à la batterie de Klyde), nous reprenons la route. Le premier tronçon, jusqu’aux environs de Marseille, est décevant, les routes sont quelconques et la région très industrielle. Heureusement, l’étang de Lavalduc, d’une couleur rose intrigante, égaie un peu le paysage. Nous découvrirons d’ailleurs par la suite que, situé à 10 m sous le niveau de la mer, il s’agit du lieu le plus bas de France. S’ensuit un enchainement de lignes droites et de ronds points sans fin avant de prendre un bac pour traverser le Rhône au niveau de son embouchure et d’arriver à Salin-de-Giraud, ainsi que dans le parc naturel de Camargue. Les paysages sont plus appréciables. Nous roulons entre étang, végétation au ras du sol et chevaux locaux avant d’effectuer le dernier tronçon jusqu’à Agde. Deuxième arrêt famille du voyage (chez la tante de Marvin), qui nous permet d’embarquer avec nous, dès le lendemain, Anastasia (la cousine de Marvin), Léa (une amie proche) et Damien (le copain de Léa que nous rencontrons à l’occasion de ce voyage).
La configuration des motos pour les prochains jours est la suivante : Amaia au guidon de Bonnie avec comme passagère Léa, Anastasia derrière Marvin sur Klyde et Damien sur sa propre moto. Fait notable : la monture de Damien est également une BMW K100, comme Klyde. Après les au revoir avec ceux qui restent sur place, nous mettons les gaz. Le temps de s’adapter à la conduite avec nos nouvelles passagères et les bagages qui vont avec, nous arrivons au niveau du parc du Haut Languedoc. La route à travers celui-ci est plaisante et les paysages verdoyants. Nous faisons une pause revigorante au bord de l’Orb pour casser la croûte le midi et roulons jusqu’à Toulouse. Le temps de trouver notre appartement réservé au préalable et de s’installer, nous allons déposer les trois motos dans un parking. C’est sur ce trajet, aux abords d’une rue piétonne, qu’une borne escamotable se décide à sortir du sol et de percuter l’une des caisses de Klyde. Moto et conducteur sont au sol mais rapidement secourus par les gens qui étaient installés en terrasse et témoins de l’accident. Quelques sensations fortes pour finir la journée donc, mais, heureusement, plus de peur que de mal (et quelques égratignures sur la moto).

Toulouse.

Une journée semi-pluvieuse à Toulouse plus tard, nous reprenons la route. Nous décidons d’avaler le premier tronçon en prenant l’autoroute jusqu’à Lourdes. L’étape du jour consiste à rejoindre l’Espagne en traversant les Pyrénées, et autant dire que nous ne serons pas déçus. Dès les premiers kilomètres, les paysages sont époustouflants. Les routes à encorbellement et à flanc de précipice sont magiques. Les lacets menant aux cols du Soulor (1 747 m) et d’Aubisque (1 709 m) nous demandent une certaine concentration au guidon de nos deux roues mais le jeu en vaut la chandelle. Au sommet de ce dernier, une brume épaisse ajoute un côté mystique à l’ambiance générale…mais fait également chuter le mercure. Redescente, pause café puis troisième col de la journée, à savoir Pourtalet (1 794 m), délimitant la frontière avec l’Espagne. La descente dans la vallée aragonaise de Tena s’effectue entre lac d’un bleu profond, pics acérés et lumière de fin de jour qui donne une teinte violette à la roche : splendide ! Afin de couronner le tout, nous trouvons un spot de camping idéal au bord du lac de Búbal. Le ciel étoilé, au loin de toute pollution lumineuse, permettra d’aller nous coucher sereinement après, sans aucun doute, l’une des plus belles journées depuis notre départ.

Notre petit coin de paradis d'un soir.
La journée suivante commence plus tristement. En effet, comme prévu, nous nous séparons de Damien qui prend une autre route afin d’aller rendre visite à sa famille. Nous nous retrouvons donc à quatre sur deux motos. Cette première journée espagnole est tout d’abord marquée par la route longeant le lac de Yesa et sa couleur surréelle. Puis, survient un nouveau moment fort du voyage : la réserve naturelle de Las Bardenas Reales. Son aridité et ses formations rocheuses atypiques (dont le Castillo de Tierra, mythique) donne réellement l’impression d’avoir voyagé dans l’Ouest américain. La température avoisinant les 40 degrés et les chemins caillouteux rendent la traversée de ce désert d’autant plus mémorable. Le contraste avec les verdoyantes Pyrénées où nous étions le matin même est flagrant. Nous retrouvons ensuite l’asphalte, pour un dernier tronçon éprouvant, afin de rallier Vitoria, capitale du pays basque, puis le village d’Amaia où nous resterons deux jours : Aramaio.
L'incroyable parc de Las Bardenas Reales en Espagne
(crédit photo en bas à gauche : Anastasia Jacob).
Troisième journée de repos, cette fois chez les parents d’Amaia, et première dégustation de pintxos (tapas basques). Bien reposés, nous repartons. Nous enfourchons nos montures et sommes prêts pour une petite virée basque. L’itinéraire du jour comprend la côte (et ses falaises de flysch), Zumaia (où de nombreuses scènes de la série Game of Thrones ont été tournées) ainsi que la ville de Donostia (San Sebastian). Dans cette dernière, nous retrouvons les parents et la sœur d’Amaia avec qui nous faisons une traditionnelle tournée des bars à pintxos de la ville. Nous filons en direction de Biarritz ensuite où nous comptons passer le weekend et retrouver un groupe d’amis afin de célébrer les férias de Bayonne.
A gauche : Plage de Zumaia.
A droite : Pintxos.

Aramaio (crédit : Anastasia Jacob).
Après 3 jours festifs, nous reprenons nos habitudes en repartant sur la route. Malheureusement, la fatigue du weekend se fait sentir et, ne voulant pas prendre de risques, nous ne faisons pas les kilomètres escomptés lors de ce premier jour du chemin retour. C’est donc dans les Landes que nous cherchons un lieu de camping pour passer la nuit. Après plusieurs tentatives infructueuses de trouver un lieu adéquat, nous nous enfonçons dans un énième chemin forestier à la recherche d’une clairière adaptée. L’accès étant boueux, Amaia s’aventure seule avant de revenir vers nous pour nous annoncer que les propriétaires de la maison au bout du chemin nous proposent de planter nos tentes dans leur jardin. Naturellement nous acceptons et expérimentons le camping sauvage chez l’habitant. Après une nuit orageuse, nos hôtes nous invitent à prendre le petit-déjeuner avec eux et nous apprenons à mieux les connaître. Ce couple, d’une extrême gentillesse et doté d’une ouverture d’esprit revigorante, restera gravé dans nos esprits. Une belle rencontre comme on les aime. Ragaillardis par celle-ci, nous repartons. Malheureusement, une route barrée nous fait prendre un itinéraire bis alors que nous avons déjà un nombre important de kilomètres à faire. Après les infinies lignes droites des Landes, nous faisons une pause casse-croute au niveau d’Agen, roulons jusqu’à Cahors et décidons de faire un tronçon d’autoroute épuisant mais efficace. Aux portes du parc des Volcans d’Auvergne, il est à nouveau temps de trouver un site pour camper. Le premier lieu que nous dénichons n’est pas au goût de l’ensemble du groupe, tout comme le deuxième. Ce faisant tard, nous nous installons tout de même dans ce dernier. Nous préparons le repas et profitons de cette dernière soirée. Le lendemain, après le rangement des affaires, nous partons en direction du parc des Volcans d’Auvergne. Après un petit-déjeuner en terrasse, nous sillonnons celui-ci et autant dire que les paysages sont magnifiques. Malheureusement le temps presse (Anastasia a un train à prendre au départ de Lyon en fin d’après-midi). Nous déjeunons au bord du lac d’Aydat avant de prendre l’autoroute jusqu’à Lyon. Juste avant d’arriver, quelques gouttes tombent du ciel formant un arc-en-ciel, certainement pour nous rappeler la chance que nous avons eu avec la météo durant ce voyage. L’heure des adieux est arrivée. Anastasia et Léa restent à Lyon tandis que nous roulons jusqu’à Lausanne via un dernier tronçon d’autoroute fatigant.
Éreintés, nous arrivons chez nous, après une journée de plus de 500 kilomètres. La fatigue est cependant vite oubliée à la pensée du voyage que nous venons de vivre. Le tour de chauffe de l’aventure Bonnie & Klyde a été concluant. Les motos ont avalé les 3 066 kilomètres du voyage sans sourciller et aucune panne n’a été à déclarer. De plus, grâce à notre thématique visant à traverser bon nombre de parcs naturels, nous en avons pris plein les yeux. Vivement la suite !

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