THE BIKERIDERS
- Marvin Ancian
- 19 juin 2024
- 3 min de lecture

Réalisateur. Jeff Nichols
Année de sortie. 2024
Genre. Drame
Origine. États-Unis
Durée. 116 minutes
Ma note. 15/20
Synopsis : Dans un bar de la ville, Kathy, jeune femme au tempérament bien trempé, croise Benny, qui vient d’intégrer la bande de motards des Vandals, et tombe aussitôt sous son charme. À l’image du pays tout entier, le gang, dirigé par l’énigmatique Johnny, évolue peu à peu... Alors que les motards accueillaient tous ceux qui avaient du mal à trouver leur place dans la société, les Vandals deviennent une bande de voyous sans vergogne. Benny devra alors choisir entre Kathy et sa loyauté envers le gang. (source : AlloCiné)
Alors que Loving, son dernier long métrage en tant que réalisateur, date de 2016, Jeff Nichols (Take Shelter, Mud, Midnight Special) est de retour avec un film de motards marginaux en guise de représentation de la sous-culture étasunienne. Aussi tendre qu’incisif.
Dans le Midwest des années 1960, Johnny (Tom Hardy) décide, après avoir vu L’Équipée sauvage à la télé, de créer un club de motards. Il regroupe des connaissances toutes aussi férues de grosses cylindrées que lui et forme les Vandals. Parmi eux, Benny (Austin Butler), membre ténébreux et incontrôlable. Mais au fur et à mesure que le groupe s’élargit et s’étend aux autres États du pays, les mentalités changent. Petit à petit, ce qui était une bande de potes soudés et loyaux se transforme en un gang violent.

Busy riders. © Universal
Born to be wild
The Bikeriders s’inspire du livre éponyme de Danny Lyon, photographe ayant suivi pendant plusieurs années le Chicago Outlaws Motorcycle Club. Durant cette période, en plus de ses images, Lyon a également réalisé des enregistrements audio. Parmi eux, celui de Kathy (Jodie Comer), jeune femme tombée sous le charme de Benny, et véritable fil rouge du film. À travers ses propos, on découvre dans un premier temps, non sans humour, les membres des Vandals et leur mode de vie. Une ribambelle de personnages hauts en couleur et non conformistes, qui jouent les durs, mais ont peur de porter leur blouson lorsqu’ils ne sont pas en groupe (à l’exception de Benny, ce qui lui vaudra des ennuis).
S’il s’appuie sur des éléments historiques pour ancrer son récit, Jeff Nichols invente une dramaturgie fictionnelle permettant de relier les faits. Ainsi, en s’éloignant de son sud natal où étaient tournés la plupart de ses films, le réalisateur originaire de l’Arkansas prend le pouls de tout un pays et témoigne des changements majeurs de la société de l’époque, alors en pleine mutation. À mesure que le club s’ouvre au plus grand nombre, il est investi par de nouveaux membres, dont beaucoup sont de retour de la guerre du Vietnam. Dès lors, la tonalité légère de la première partie du long métrage se mue et devient plus grave. Le groupe se scinde, entre les «jeunes» qui ont abandonné la bière pour les joints, et les «vieux» de la première heure. Lorsque le point de non-retour, qui voit les Vandals se transformer en gang, est atteint, The Bikeriders délaisse sa nostalgie et sa naïveté et fait des Vandals une métaphore des traumatismes d’une nation. Ajoutez à cela la réalisation au cordeau de Nichols, et vous obtenez un film vrombissant qui devrait venir pimenter un début d’été morose.

© Universal
Article paru le 19 juin 2024 dans le n°924 de Ciné-Feuilles.
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